Comme si le corps…

Publié le par La pensée de midi

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Comme si le corps…

cycle de cinéma [projections, conférences, ateliers] proposé par Peuple & Culture Marseille

> avril à octobre 2009 à Marseille et Aix-en-Provence

Comme si le corps était simplement donné… Omniprésent, il ne semble pouvoir être pensé que comme un tout. Pourtant, on le sent bien, il reste insaisissable : morcelé, éclaté, disjoint, il résiste à sa totalisation et ne se perçoit qu’en pointillés. 

Et le cinéma, nous montre-t-il autre chose que des corps en trompe l’œil ? 

Dans leur mise en spectacle, il fabrique des représentations figées qui, à force de répétitions, se désincarnent. Mais parfois, les corps à l’écran débordent leurs images et creusent par leur seule présence l’espace du voir, dans un dénuement où affleure la singularité d’un être-là.


Par leur approche du réel, les films de cette programmation montrent combien le corps, loin d’être donné une fois pour toutes, est en perpétuelle construction, toujours en mouvement. En ce sens, donner à voir des regards défaits de leurs certitudes, contribue à déconstruire les représentations dominantes : à travers l’émergence de nouvelles figures moins stéréotypées, moins entravées, ces films nous regardent. Et du coup, cela nous regarde! Comme si les corps impressionnés à l’écran impressionnaient à leur tour ceux des spectateurs.


Que le corps soit l’objet d’enjeux sociaux, politiques ou culturels, il s’agit de faire corps. Les catégories de la pensée qui l’instrumentalisent et le contrôlent, se réservent la légitimité de le définir adapté ou inadapté, valide ou invalide, beau ou laid, désirant ou désirable, mâle ou femelle, etc. Ainsi dans l’institution sociale, le travail, la sexualité ou encore la santé, les pratiques et les discours normatifs persistent. Le corps est-il réductible à des fonctions, dont les principales seraient d’être le véhicule de son espèce, d’un genre ou d’une culture ? Censée fonder la vie en société, cette exigence s’accorde pourtant bien mal avec son infinie diversité, sa polymorphie. Et si de corps insoumis naissaient des désordres créateurs ? 


Lorsque le cinéma parvient à rendre perceptible l’état par lequel le corps déborde son enveloppe, il montre à quel point celui-ci se joue des limites qui lui sont assignées, transgressant non seulement par plaisir mais aussi par nécessité. L’incarnation prend alors une autre dimension, onirique, extatique ou tragique, qui fait éclater les frontières entre le plaisir et la souffrance, la naissance et la mort. Même si celle-ci, borne ultime, peut elle aussi être sublimée par les puissances conjuguées de la vie et du cinéma. Comme si le corps, dans le caractère fragile et aléatoire de son existence et de son identité, était continuellement projeté vers


Ces frontières, nous avons voulu à notre tour les laisser ouvertes par une diversité de formes cinématographiques ; une diversité de modes de diffusion et d’écoute ; par des expressions du corps à vivre dans l’écriture ou la voix, en ateliers ; par une conférence. Et puis, c’est notre souhait, entre les corps regardés, regardant et agissant, des paroles, des sons, des expériences à échanger ; des réflexions à poursuivre, ensemble.


informations au 04 91 24 89 71 et sur le blog du cycle http://commesilecorps.hautetfort.com

 


mercredi 15 avril à 20h30 / Polygone étoilé

High school 1 de Frederick Wiseman

(USA, 1968, 1h15) 

Des adolescents de la classe moyenne américaine, dans un lycée du nord est de Philadelphie. 



jeudi 16 avril à 20h30  / Polygone étoilé

Basic Training de Frederick Wiseman 

(USA, 1971, 1h29)

Eté 1970, pendant la guerre du Vietnam, dans la chaleur du Kentucky, le 16ème bataillon de l’US Army fait ses classes.
 


vendredi 17 avril à 20h30  / Polygone étoilé

Titicut follies de Frederick Wiseman

(USA, 1967, 1h24)

Le quotidien des détenus du pénitencier psychiatrique de Bridgewater dans le Massachusetts. Ce film a fait l'objet d'une interdiction par la censure américaine de 1967 à 1991.



samedi 18 avril à 18h / CRDP Espace Paul Cezanne

Mutations des regards sur le corps anormal

Des monstres de foire aux corps aliénés ou handicapés, l’histoire de la difformité physique est celle des regards portés sur eux, celle de leur mise en spectacle dans un régime particulier de visibilité, celle des signes et des fictions qui les représentent. L’anormal est aussi affaire de perception, et le stigmate est dans l’œil de celui qui observe, comme Erwing Goffman nous a appris à le reconnaître dans Stigmates.


Une conférence de Jean-Jacques Courtine, professeur d’anthropologie culturelle à l’université Paris III-Sorbonne Nouvelle. Il est l’auteur de nombreux travaux d’anthropologie historique du corps. Co-directeur des trois ouvrages collectifs Histoire du corps, il en a dirigé le dernier volume : Les mutations du regard – Le XXe siècle (Editions du Seuil, 2006).



samedi 18 avril à 20h30 / CRDP Espace Paul Cezanne – Tarif : 4 €

San Clemente de Raymond Depardon et Sophie Ristelhueber

(France, 1980, 98 mn)

Raymond Depardon filme les pensionnaires de l’institut psychiatrique de San Clemente situé sur une petite île à côté de Venise. Le film a été tourné en dix jours, pendant le carnaval de Venise, peu de temps avant la fermeture de l’hôpital.


Débat en présence de Jean-Jacques Courtine.



Y’a qu’à pas la fermer ! 

Les corps gueuloirs



mercredi 6 mai à 19h30 / Polygone étoilé

Bon Pied, Bon Œil et toute sa tête de Gérard Leblanc 

(France, 1978, 87 mn)

Pamphlet cinématographique, essai filmique argumenté et documenté, montage en forme de démonstration visuelle, ce film du groupe Cinéthique analyse les handicaps dans l’histoire de leurs représentations et de leur contexte social et politique. Réalisé en liaison avec le Comité de Lutte des Handicapés et les Psychiatrisés en Lutte, revendiqué comme film militant, il nous invite à “détruire la société qui nous détruit”.


Débat en présence de Gérard Leblanc, réalisateur.



jeudi 14 mai à 19h30 / Polygone étoilé

Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos 

(France, 1971/1973, 17 mn) 

Une femme prend la décision de ne pas garder son enfant. Le film alterne la séquence d’un avortement mené selon la méthode Karman – alors que cette pratique est encore illégale en France – et des images de la première manifestation de femmes en faveur de l’avortement et de la contraception qui a lieu à Paris le 20 novembre 1971.


Regarde, elle a les yeux grands ouverts de Yann Le Masson 

(France, 1980, 77 mn)

Des militantes du MLAC d'Aix-en-Provence (Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception fondée en 1973) sont inculpées et jugées en mars 1977 pour exercice illégal de la médecine et pratique illégale de l’avortement. Le réalisateur observe les principes du MLAC, de la vie à la « Commune », des méthodes alternatives d'accouchement, repoussant les limites du corps décent ou indécent. Ce documentaire-fiction est issu d’un travail collectif, chacune des protagonistes rejouant son propre rôle.


jeudi 11 juin à 19h30 / Polygone étoilé

Notre trou du cul est révolutionnaire de Lionel Soukaz 

(France, 2005, 3 mn) 

“Jeter son corps dans la lutte” ; cette formule empruntée par Pasolini au chant de résistance des Noirs américains, prenait hier tout son sens. « Car le corps doit s'entendre, soit de l'individu de chair, soit comme composante de l'expression ». Je cite là René Schérer. Et mon corps devenait esprit traversé de frissons et d'amour pour celles et ceux qui résistent. (Lionel Soukaz)


Interior Scroll-the cave de Carolee Schneeman et Maria Beatty 

(USA, 1975-1995, 7 mn 30)  

Devant la caméra de Maria Beatty, Carolee Schneemann et sept autres femmes rejouent la célèbre performance créée par Schneemann en 1975, Interior Scroll (“Faites défiler l’intérieur”), où, perchée sur une longue table, elle prenait des poses de modèle, et sortait de son vagin un long morceau de papier où était écrit le début d’un livre qu’elle n’a jamais écrit “Cézanne était une grande artiste”.


L’ordre des mots de Cynthia Arra et Mélissa Arra 

(France, 2007, 82 mn)

Six portraits de militantEs trans’/inter-sexes/genres illustrent dans leur chair les limites étroites de la binarité avec laquelle notre culture considère ces sujets - jusqu’à l’exemple de ce trans’ Female to Unknown. Un documentaire pour se (re)penser soi, son corps, son sexe.


Débat en présence d’une des réalisatrices.


Outre corps



vendredi 11 septembre à 20h / Polygone étoilé

Un corps vivant de Céline Ohanessian

(France, 2008, 5 mn)

Sur des citations extraites de Ostinato de l’écrivain Louis René des Forêts, une caméra-pinceau ausculte un corps et l’inscrit en négatif  ; l’autoportrait filmé à bout de bras confond dedans et dehors. Une sismographie de sensations ancre ainsi l’expérience du deuil.


The Passing de Bill Viola

(Pays-Bas, 1991, 55 mn)

En 1991, Bill Viola assiste la même année à la mort de sa mère et à la naissance de son second fils. Ces évènements sont au centre de cette bande vidéo qui ausculte les passages de la vie à la mort, et interroge les passerelles entre un univers rationnel et les sphères de l’inconscient.


Take me de Stephen Dwoskin

(1968, 28 mn) 

Une femme séduisante déambule devant nos yeux, chante et nous regarde, d’abord de loin. Puis, lentement, la caméra se rapproche de son corps débarrassé des ses vêtements. Dans cette scène d’une inquiétante banalité, son corps nu, recouvert de peinture, se métamorphose alors en un tableau mobile qui prend les formes d’une cosmogonie où les frontières entre le dedans et le dehors se brouillent. 


Soirée en partenariat avec Radio-Grenouille

Diffusion de la version radio sur les ondes en direct

samedi 26 septembre à 20h

la compagnie


Blue de Dereck Jarman 

(1978, 78 mn)

Sur un fond d’écran bleu - hommage au peintre Yves Klein mais aussi référence à la cécité qui gagne peu à peu -, le corps est ici une Terra Incognita, conjuguément terre inconnue et dérive de tous les continents sensibles. Face à la maladie et à la mort, le dernier film de Derek Jarman est, malgré la souffrance, une ode à la vie, à l’amour, à l’amitié. Il est aussi une expérience poétique et philosophique d’une rare profondeur sur notre condition humaine et notre finitude.




samedi 10 octobre à 18h30 / Polygone étoilé

Identities de Nino Rodriguez

(USA, 1991, 7 mn)

Un homme “s’entretient” avec le réalisateur qui n’a conservé que les résidus de son discours : spasmes, borborygmes, déglutitions, hésitations, bruits divers du corps. Une expérience radicale et bouleversante des rapports entre continuité et discontinuité humaine.



Le temps des adieux de Mehdi Sahebi 

(Suisse, 2006, 63 mn)

Alors qu’il sait qu’il va mourir, et pour tenter de se mettre en paix avec lui-même, un homme gravement malade laisse enregistrer, pendant les derniers mois de sa vie, la progression de la maladie sur son corps, et les ravages qui l’accompagnent. Un film-testament difficile et impressionnant qui soulève autant de questions éthiques qu’esthétiques. 


Life without death de Frank Cole 

(USA, 1989, 83 mn)

Suite à la mort de son grand-père, le réalisateur s’embarque dans une traversée de différents déserts africains en solitaire et à dos de chameau avec l’intention de défier la mort. Plongée au cœur de l’être humain et expérience inédite des limites.




Extase



vendredi 23 octobre à 19h30 / Polygone étoilé

Angèle de Foligno de Natacha Muslera 

(France, 2008, 50 mn)

Le film relate l’expérience d’Angèle de Foligno, mystique du XIIIème siècle. Il est adapté du “Livre des visions et instructions”, transcription par le frère Arnaud des paroles de la jeune femme. Le corps est ici envisagé comme un point de jonction entre le langage et le sacré.


Moment de Stephen Dwoskin

(Grande-Bretagne, 1968, 12 mn)

Stephen Dwoskin répond au film d’Andy Warhol, Blow Job.  Il nous donne à voir le visage d'une femme, dont on suppose qu'elle se masturbe. Elle nous regarde la regarder. 


Débat en présence Natacha Muslera, réalisatrice.




Autour de la programmation



Atelier d’écriture

 samedi 11 avril de 15h à 19h / La Cité, Maison de théâtre 

Mon corps n’a pas les même idées que moi

Ecrire est une mise en jeu du corps. Passions, pulsions et pulsations se nichent à l’insu dans le geste, et ce faisant un réel signifiant se construit et devient accessible. Mais mon corps n’a pas les mêmes idées que moi. Cette phrase de Roland Barthes, qui pourrait suggérer une totale indépendance du corps et de l’esprit, signifie plutôt qu’ils sont tous deux physiques, et différemment matériels ; que c’est le passage entre les deux que l’on devrait appeler corps ; que l’écriture à la fois en émane et y conduit.

Animé par Pierre Guéry, écrivain, poète, performer, auteur de Erotographie (Editions Biliki, 2007). 


Atelier voix

 Samedi 26 septembre de 15h à 19h / la compagnie

Labo d’expérimentations vocales

L’outil-corps : trouver repères et sensations pour placer son souffle et poser sa voix.

Le(s) corps-instrument(s) : par un travail d’écoute, de circulation du son et de recherche harmonique, explorer le rayonnement de la voix dans son propre corps, celui des autres, et l'espace autour.

Construire un “espace sonore” : créer empilements, dialogues, unissons, canons, contrepoints… pour explorer des situations musicales qui permettent de développer dans l'improvisation un discours ou une histoire sonore.

Animé par Cati Delolme, chanteuse. Chef de chœur, fondatrice du “Chant du Voisin” et de l’ensemble vocal “le nom commun”, sa pratique va des polyphonies de tradition orale, à l’improvisation et la création contemporaine.


Pour les 2 ateliers : sur inscription auprès de Peuple & Culture Marseille (nombre de places limité)

Plein tarif : 9 euros 

Tarif réduit (adhérents, étudiants, chômeurs) : 5 euros



Les lieux


Polygone étoilé 1 rue Massabo, 2e - métro/tram Joliette

La Cité, Maison de théâtre  54 rue Edmond Rostand, 6e - métro Préfecture

CRDP Espace Cézanne 31 bd d’Athènes, 1er - métro St Charles

la compagnie, 19 rue Francis de Pressensé, 1er - tram Alcazar


Radio Grenouille propose un parcours sonore dans le cycle : au fil des séances, des rendez-vous réguliers, des échos et quelques surprises… > à écouter sur 88.8 fm / informations : www.grenouille888.org



Une proposition de l’Atelier de programmation de Peuple & Culture Marseille

Claire Astier, Jacques Boyer, Monica Caceido-Cros, Sylvia Donis, Nisrine El Hassouni, Muriel Guigue, Samy Lalanne, Sylvie Mateo, Valentine Verne, Eric Vidal, Cathy Vivodtzev 

L’Atelier de programmation, pendant 6 mois, a visionné, pensé et sélectionné des films pour élaborer collectivement cette programmation.


Vous pouvez rejoindre l’Atelier de programmation en vue du prochain cycle, n’hésitez pas à nous contacter !



En partenariat avec le Polygone étoilé, La Cité Maison de théâtre, la compagnie, Radio Grenouille et l’Institut de l’Image.

Avec le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Conseil général des Bouches-du-Rhône.


Informations auprès Peuple & Culture Marseille

04 91 24 89 71 / peupleculture.marseille@wanadoo.fr

 le blog du cycle http://commesilecorps.hautetfort.com


Publié dans Rencontres

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